mardi 29 septembre 2015

J - 216 : #3615 my life

Ou comment je suis devenue obèse.

Ahah, vous pensiez que j'avais abandonné mon blog hein ?! Eh bien non, j'étais juste malade. J'ai aussi soufflé mes 25 bougies (bon, en vrai, y en avait qu'une, mais on reparlera de mon repas d'anniversaire dans un prochain article parce que ça vaut le coup) et j'ai profité de ma semaine pour relâcher la pression niveau sport, alimentation etc. (et je ne me suis pesée qu'aujourd'hui. Et mon poids était stable, amazing!)
Bref, le quart de vie siècle est passé, je me suis dit que c'était le moment pour faire un état des lieux - avec un petit côté nostalgique peut être - de mon rapport avec mon corps. 


"Comment j'en suis arrivée à peser 112 kilos" en sommes. Pas que je fasse partie des gens qui ont besoin de définir une "cause" à un état général. Je suis plutôt partisane des solutions. Mais je me sens différente dans le sens où j'ai toujours été en surpoids/obèse et que ça n'arrive pas forcément à tout le monde. 


Aujourd'hui, le cerveau encore embrumé par les microbes, je vous résume mon histoire. Bienvenue dans ma tête ! 



Et si on démarrait par le commencement ...

Je suis née un 25 septembre 1990 - le seul 25 septembre de l'année 1990 d'ailleurs... - dans le Nord, de parents du Nord et enfants de plusieurs générations de Nordistes. Je suis donc née gros bébé avec un package génétique à forte probabilité de surpoids. Shit happens comme on dit...

Et si on passait les années dont j'ai un souvenir flou ...

Je me permets une grosse ellipse temporelle parce que je n'ai pas beaucoup de souvenirs de l'enfance. Comme tout le monde, avant 3 ans, j'avais pas le cerveau opérationnel... Je me souviens tout de même que j'adorais le lait. Et les biberons. Et pour que je m'en souvienne c'est que j'ai eu droit au biberon beaucoup trop longtemps par rapport à la norme. Si je devais ne citer qu'un souvenir, ça serait celui des tétines du biberon, complètement mangées, pour avoir plus de lait à la fois dans la bouche. Avec des comportements pareils, vous vous doutez bien que j'étais une enfant rondouillette, déjà au dessus dans les courbes de poids. Pourquoi j'ai eu autant droit à ce biberon ? Allez savoir... Je dirais que j'ai profité de la situation compliquée de mes parents (divorce and stuff) pour obtenir des "réconforts" plus longtemps. Ou que mes parents ma mère était trop gentille. Peu importe, je ne lui en veux pas, ce qui est fait est fait.
Au fait, si mes parents n'ont pas réagi, c'est parce que les médecins n'étaient pas plus inquiets que ça. Je grandissais aussi vite que je grossissais. RAS.

Et si on parlait de l'école et du collège...

J'ai donc continué à grandir et grossir au dessus des courbes de poids. J'ai aussi appris qu'être "différent" à l'école, c'est pas tous les jours faciles. J'étais "la grosse". Sobriquet hautement compensé - et ce tout au long de ma scolarité - par mes bonnes notes. Ma mère m'a appris à ce moment qu'être grosse n'était pas ce qui faisait de moi un être humain et qu'être intelligente, c'était mieux. (Elle n'a pas dû me le dire comme ça remarquez, mais le message est passé). Hormis mes difficultés en EPS, être "la grosse" a aussi eu quelques répercutions sur les amitiés que j'ai pu lier. J'étais donc "la grosse solitaire" jusqu'au jour où j'ai découvert la game boy, et le fait que les garçons me jugeaient moins sur mon apparence que les filles. J'ai donc eu des amis garçons, une game boy, et des comportements de garçon (devinez qui se battait à la récré ?). Il en reste que je ne me plains pas non plus de cette période, l'école est faite pour apprendre les codes sociaux, notion parfaitement intégrée chez moi.

Passons par le collège maintenant. J'avais développé une stratégie de défense à base de carapace épaisse. J'étais un garçon manqué, qui adorait le maquillage (c'est pas logique, je sais), le métal (la musique hein, pas le matériel de construction) et les piercings, et qui rétorquait à qui voulait bien l'entendre que j'étais "grosse, mais moins c*nne que toi". Un léger penchant vers le courant "Gothique" quoi...
C'est aussi à cette période que j'ai découvert les régimes. Mamie, qui estimait que les médecins avaient tord (peut être à raison), a jugé qu'il était temps que je maigrisse, et que je ne pouvais pas être épanouie si je n'étais pas mince (là, elle avait moins raison). J'ai donc testé des régimes aléatoires de l'hypocalorique à l'hyperprotéiné. L'un après l'autre, de manière discontinue et inefficace parce que suivis seulement pendant les vacances chez papi/mamie et vite compensés de retour à la maison. Ce n'était surement pas la méthode la plus appropriée, mais mamie avait eu des soucis dans son enfance avec son poids, et ne pouvait pas supporter de me voir grosse. Maman de l'autre côté, essayait de compenser les dégâts que faisaient mamie en me laissant manger ce que je voulais. J'ai donc porté du 16ans à 14 et du 44 à 16.

Et si on parlait de l'adolescence...

Finalement, c'est quand belle-maman s'est alarmée qu'on est allé me faire voir des nutritionnistes. (Papa était un peu dépassé par les événements, et vu le bord*l familial, je le comprends) La méthode est revenue à pisser dans un violon. Beau papa faisait à manger mais n'allait pas aux séances et maman n'avait aucun poids sur les menus sous peine de devoir faire à manger elle-même. Bref, tout le monde a appliqué la fameuse méthode du "c'est pas nous", et moi compris. Je ne suis jamais allée me plaindre puisque j'en profitais pour avaler des quantités de pachiderme. Et je suivais toujours le fameux concept de "grosse mais intelligente" qui me protégeait de beaucoup de choses. Et puis honnêtement, mon poids, j'en avais rien à secouer. Je portais des vêtements informes, et je trouvais ma taille dans les magasins.

Sauf que voilà, un beau jour, j'ai eu les hormones en folie. J'ai commencé à regarder les garçons autrement que comme des copains. Et là, malaise. Eux, ils avaient déjà intégré le code "beau quand c'est mince" - et ne criez pas au loup, ça a des avantages pour la reproduction d'avoir un corps en forme de 8. Alors, pour faire bien les choses, pendant les vacances entre la 2nde et la 1ere, j'ai modifié mon alimentation drastiquement. Je me suis faite des menus à base de salade et de carrés de chocolat. J'ai maigri beaucoup - mais en restant en surpoids - j'ai pas tenu, et j'ai regrossi avec un bonus après le bac(cette histoire vous la connaissez, tout le monde en parle). A ce moment, je dépassais la barre des 100kilos pour la 1ere fois.

Dans le processus, j'ai malheureusement appris qu'être "plus mince" m'aidait à plaire aux garçons. Et j'ai donc appris le schéma "maigrir pour trouver quelqu'un/regrossir quand c'est fait". J'ai donc dépassé la barre des 100 plusieurs fois entre 20 et 25 ans, en montant toujours plus haut au dessus pour en arriver à 112 kilos il y a 5mois...

J'ai empreinté l'image de Curvy Mood. Allez-y cliquez ! 

Et si on parlait d'aujourd'hui...

Que vous dire sur aujourd'hui... Mamie pense toujours que je ne peux pas être heureuse "dans mon état". Elle évalue à chaque fois qu'elle me voit la place que je prends dans l'espace. Elle a d'ailleurs été très inquiète que je ne trouve pas d'homme qui accepte de fonder une famille avec moi. Mamie, pardon, mais tout va bien, et comme il est impossible de rétablir une communication sur ce point à cause de TES traumatismes, je te laisse penser ce que tu souhaites.
Les autres membres familiaux me laissent gérer la chose même s'ils me voient faire le yoyo.

Et moi dans tout ça. Moi, je me dis que finalement, c'est pas si mal d'avoir été "grosse" toute ma vie. Je ne connais pas mon corps "mince" et j'ai eu largement le temps d'apprendre à m'accepter telle que je suis. Je pense toujours que mon poids ne me définit pas en tant que personne. Je pense surtout que mon poids n'est plus un problème, et en perdre n'a rien d'une solution. Mon poids ne m'a pas empêchée d'être épanouie : je suis heureuse dans ma vie sentimentale, et dans mon travail également. Mon poids ne m'a pas empêchée de faire du sport : j'y ai même pris goût, et je suis loin d'être en très mauvaise condition physique et physiologique. Mon poids ne m'empêche pas de rire, et ne me gêne pas pour vivre.
Quant à mon corps, il est temps que j'arrête de le maltraiter. Que j'arrête d'aller d'un extrême à l'autre. Que j'arrête de prendre 10kilos en 1mois puis d'en perdre 20 en 3. Arrêter de faire la guerre au gras, arrêter de faire la guerre à mon corps. Les kilos, on va les perdre ensemble parce qu'on n'en a plus besoin mais aussi parce qu'on n'a pas besoin de les perdre.
Parce que mon corps et moi, aujourd'hui, on s'écoute et on avance ensemble.





Jour 149 : Ne décelez aucune trace de rancoeur ou de regret dans ce récit. Ce que j'ai vécu a fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Et puisque je suis fière de ce que je suis aujourd'hui, alors je ne regrette pas ce qui m'a permis d'y parvenir.

                                                                                                           




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